Pudique, éduqué, Jean de Malherbe est issu de ces familles où discrétion rime avec respect et tolérance. Ce presque trentenaire sait écouter déjà sagement, mais se libère littéralement quand on aborde l’Art et se mue en érudit.
Entretien
Né à Paris d’une maman galeriste et d’un papa artiste peintre, Jean de Malherbe grandit dans une maison située dans le quartier du Marais. « Pour entrer chez nous, nous devions traverser l’atelier de Papa puis la galerie de Maman ». C’est probablement là que Jean s’est forgé à l’auto-entreprenariat : « Depuis nourrisson, j’ai toujours baigné dans les différents mondes qui constituent celui de l’art ; les odeurs de peinture et d’essence me sont ainsi aussi familières que celles du pain chez le boulanger. J’assistais déjà tout petit à l’arrivée des artistes et à l’accrochage des tableaux. Les dernière semaines du mois avec mes frères et sœurs, nous mettions sous enveloppe les invitations en vue de la prochaine exposition et, bien entendu, j’assistais à l’exposition puisqu’elle se faisait un peu dans la maison. »
Jean réfléchit quelques instants, puis déclare : « C’est probablement là que j’ai compris que l’on ne devient pas artiste, on naît artiste – et l’art est une éducation que l’on reçoit. J’ai une petite anecdote d’ailleurs : lors de mes 8 ans, j’assiste à la première exposition de l’artiste Alexandre Hollan. J’avais reçu 100 francs (français) pour ma communion, je me dirige vers Alexandre et lui donne mes 100 francs pour acheter une œuvre qui en vaut 400. Ce fut l’achat de ma première œuvre et ma première bonne affaire (rire) ».
UN PARCOURS PARTICULIÈREMENT BIEN STRUCTURÉ
Jean de Malherbe sait déjà ce qu’il aime, il se dirige vers des études littéraires et entreprend une licence en Lettres modernes et en Histoire de l’Art à la Sorbonne. « HYPOKHAGNE ICAGNE »
« C’est une belle formation de l’esprit que je reçois à la Sorbonne, mais je sais que ce n’est qu’une partie de ma formation, je décide de faire HEC (les majeures Art et création et Service public. »
Jean de Malherbe aurait pu en rester là, mais il sait qu’il va falloir « enquiller » de l’expérience au sens pluriel du terme.
« Je décide d’effectuer un stage de fin d’études au Palais de Tokyo (développement économique – Jean de Loisy), puis durant 2 ans 1/2 à la réunion des musées nationaux (établissement industriel et commercial – agence publique, le Grand Palais étant le plus commun). Travailler pour le premier opérateur culturel mondial en nombre d’expositions (20 par an) (NDLR : une expo au Grand Palais attire entre 300.000 et 1 million de visiteurs) est particulièrement formateur. »
Puis, comme s’il courait après le temps, il enchaînera la prestigieuse salle de vente aux enchères Drouot, le Musée de Budapest, la Galerie d’art second marché James Goodman à New-York Galerie), pour ensuite compléter son parcours par le Mécénat IACCCA (une association professionnelle qui rassemble les conservateurs d’art contemporain d’entreprise). Quand nous demandons à Jean de Malherbe quelle est sa préférence artistique, il nous confie : « Je ne suis pas attaché au support mais bien à la matière. Je suis sensuel dans mes choix, c’est la sensualité que l’œuvre dégage qui va me séduire, j’ai besoin d’émotion. »
ÂME D’ARTISTE, CERTES, MAIS D’ENTREPRENEUR ÉGALEMENT
« À la Sorbonne, nous avons monté avec un ami une Galerie itinérante (MALHERBES-MÖRCH). Nous nous faisions prêter des espaces (café, centre d’art ou bâtiment en reconversion), nous exposions des artistes étudiants en 2008, ce qui nous a valu les éloges de « The Herald Tribune ». J’ai hésité alors à me lancer, mais je me suis dit qu’il me manquait une dimension commerciale et j’ai décidé de l’acquérir dans l’entreprise familiale. »
« Quand j’ai exprimé à ma mère que je souhaitais réaliser ce projet bruxellois qu’abritaient les cartons de l’entreprise depuis quelque temps, les choses se sont enchaînées. Mon épouse, qui travaillait chez EHASER STORIE, quitte son emploi, tandis que je fais de même avec le Grand Palais le 23 décembre 2015 pour ouvrir la galerie à Bruxelles le 24 février 2016. Grâce à l’ouverture de « LA FOREST DIVONNE – BRUXELLES », nous doublons le nombre d’expos/an et passons à 15 expositions par an. Si je souhaite m’investir dans l’entreprise familiale, je sais aussi que cela passe par plus de visibilité, d’expositions, d’artistes et de foires et c’est ce à quoi je m’attelle maintenant ».
BRUXELLES, UNE VÉRITABLE DÉCOUVERTE
« À mes yeux, Bruxelles possède les avantages d’une ville aux dimensions humaines avec une importance stratégique. Toutes proportions gardées, Bruxelles est à Londres ce que Washington est à New York, de par sa densité intellectuelle, culturelle et artistique.
Sur le plan professionnel, le premier contact avec les Belges s’est vraiment réalisé avec succès, j’ai remarqué une vraie curiosité et un enthousiasme certain, mais aussi une simplicité des collectionneurs qui n’ont pas peur de se mettre en « danger » en exprimant leur amour d’une œuvre ».
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