1/ A en juger par votre parcours on a un peu l’ impression que le tourisme est pour vous une vocation ?
C’est un peu cela . Disons que j’ ai eu la chance de faire un métier qui m’ a permis de concrétiser mes réves d’ enfance faits de voyages, d’ aventures, de découvertes…..J’ ai consacré ainsi les 12 premières années de ma vie professionnelle à la montagne française – pour un chti c’ était en soi un joli défi – puis ensuite à la promotion du tourisme français mais de l’ étranger . Cela fait maintenant prés de 30 ans que j’ ai quitté la France et remet ma vie professionnelle à 0 tous les 4-5ans après avoir été en poste pour Maison de la France puis pour Atout France à Madrid, Vienne, Sao Paulo, Amsterdam et maintenant à Bruxelles.Exaltant mais peut-étre à la longue épuisant ( sourire ) .
2/ Parlez nous d’ Atout France que finalement très peu de personnes connaissent ?
Rien d’ étonnant à cela.Notre mission n’ est pas de nous faire connaitre mais surtout de faire connaitre la France comme destination touristique. Nous sommes essentiellement connus des professionnels et de la presse touristiques mais pas du grand public qui ne nous voit pas. Et pourtant nous sommes visibles partoutou presque. Quand vous lisez votre journal et voyez un reportage sur une région française ou un article sur une nouveauté à résonance touristique, quand vous allez réserver un séjour en France dans votre agence de voyage, quand vous voyez une campagne d’affichage sur le tram ou en ligne, bien souvent « Atout France » se cache derrière.
3/ Mais de qui Atout France dépend et quel est son statut ?
Aussi surprenant soit-il , Atout France est un Groupement d’ intérêt économique donc une organisation de droit privé même si elle est fortement controlée par l’ état.Son modèle économique a été crée il y a plus de 30 ans afin de permettre à l’état de mettre un peu de cohérence dans la promotion de ses territoires à l’ international mais aussi de ne pas en supporter seul le cout.Celui-ci est désormais partagé avec ses adhérents, collectivités territoriales, chaines hôtelières, transporteurs, professionnels touristiques… Aujourd’hui Atout France dépend du ministère des affaires étrangères et du développement international et est l’ opérateur officiel de l’ état pour tout ce qui concerne le tourisme (promotion à l’ étranger, observation touristique , classification hôtelière, agrément des agences de voyages, ingénierie touristique …
4/ Promouvoir la France en Belgique ne doit pas étre compliqué
C’est à la fois vrai et faux.Vrai parce que la France est de très loin la 1 ere destination touristique des belges ( loin devant l’ Espagne dont la part de marché est 2 fois moindre ) mais faux car sa position relativement confortable se limite pour l’ essentiel à la partie francophone du pays.Sur la partie flamande- et c’ est la plus importante- la part de marché de la France n’ est que de 18%.Autant le marché francophone pour nous reste un marché de fidélité, qu’ il faut certes en permanence entretenir, autant le marché flamand constitue un marché de conquete qu il faut continuellement séduire . Il mobilise d’ ailleurs l’ essentiel de nos invesitissements publicitaires.Donc rien n’ est gagné. Loin de là. J’ajouterais que la Belgique, bien que voisine de la France est fortement méconnue de nos professionnels francais qui l’ assimilent à tort au marché français.Et amener un francais à remettre en cause ses idées reçues n’ est pas toujours une tache aisée ( sourire ).Nous dépensons beaucoup d’ énergie à leur faire comprendre et accepter la complexité de ce pays, son bilinguisme, ses cultures et aspirations de vacances différentes… Pas évident pour un français que l’ histoire a rendu bon gré mal gré fortement jacobin !Toutefois, Dieu soit loué, qu’ il soit français, belge néerlandophone ou francophone, une chose nous réunit tous : le plaisir de bien manger et de bien boire ! « Il ne peut avoir de bonne diplomatie sans de bons déjeuners » disait Talleyrand. Nous ne pouvons donc que bien nous entendre !
5/ Quels sont les arguments que vous utilisez pour attirer de plus en plus de belges en France ?
En réalité ils différent selon que vous vous adressez à un flamand, un wallon ou un bruxellois. Le flamand a pour habitude d’ intégrer dans ses vacances une activité sportive : randonnée, vélo… Un bruxellois ou un wallon penchera plus pour des visites de sites pittoresques, des fêtes locales, du « wellness »… Il faut donc adapter nos messages en fonction des particularismes de chacun de ces marchés.Nos arguments de promotion ont évolué tant dans leur forme que dans leur transmission.Nous ne parlons presque plus de territoires touristiques en fonction de leur périmètre administratif mais de marques internationales. Elles éveillent notre imaginaire bien au-delà des contours géographiques de nos département ou régions. Nous ne parlons plus de l’Aquitaine mais de Bordeaux, de l’Isère mais des Alpes-Mont Blanc, de la Haute Garonne mais de Toulouse-Pyrénées… Nous n’éditons plus de brochures mais développons toute une stratégie digitale sur le net, les réseaux sociaux, les blogs… Les nouvelles technologies ont révolutionnées notre métier. Et on n’en est qu’au début.
6 / Qu’ est ce qui vous fait encore vibrer dans votre métier ?
Pour moi, le tourisme est une activité qui se réinvente tous les jours. C’est pour cela que j’ai choisi ce métier. La répétition me lasse. Le tourisme est une activité par essence transversale. Elle ne peut vivre en vase clos et doit s’ associer à d’ autres secteurs pour prospérer. Au respect de l’environnement avec l’éco-tourisme, à nos terroirs vinicoles avec l’oenotourisme, à notre patrimoine culturel, à notre santé avec les différents concepts de tourisme de santé (balnéothérapie, vinothérapie, ostréthérapie…), à notre gastronomie bien-sur, à notre savoir-faire, à nos croyances avec le tourisme religieux, à notre histoire avec le tourisme de mémoire… Tout est tourisme du moment qu’il porte les valeurs du partage et de l’enrichissement personnel. Je rêverai d’associer le tourisme au hors-tourisme avec, par exemple, une forte collaboration d’Atout France avec des grandes marques de luxe, des marques automobiles françaises… Certes des partenariats se font parfois mais ils restent trop timides et manquent à mon sens de projets ambitieux.
7/ Quel serait le mot de la fin pour vous ?
La page du tourisme est loin d’être totalement écrite. Elle est et restera sans fin. Je dirai que l’ ensemble du secteur et notamment l’ hôtellerie fera un grand bon en avant le jour où il aura compris que ce n’est plus l’hôtel qui remplit le musée mais le musée qui aide à remplir l’hôtel… Bien entendu, certains l’ont déjà compris mais du chemin reste encore à parcourir. Tant mieux dans un sens. Le tourisme n’est-il pas un métier d’ avenir ?
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