Féminine à souhait, avec ce subtil mélange de charme et d’élégance très parisienne, Anne Lange nous accueille. C’est lorsqu’elle avait 5 ans qu’au gré d’une mutation professionnelle paternelle la famille Lange monte à Paris. Anne s’adapte très facilement et elle l’exprimera avec beaucoup de philosophie : « Personnellement, j’estime que chaque lieu constitue autant d’opportunité de rencontres ».
Quand on pose la question à Anne Lange sur ce qu’elle aimait faire quand elle était enfant, la réponse fuse sans l’ombre d’une hésitation : « Mes choix se sont fixés très tôt, j’ai toujours su ce que je voulais dans ce cas précis, c’était Médecin Militaire ou Ambassadrice de France ; et si je ne suis pas Ambassadrice, c’est dû au fait qu’il était alors impossible à mon époux d’exercer une fonction à responsabilité – j’ai donc fait le choix de ne pas me diriger vers cette fonction ».
UNE TÊTE PARTICULIEREMENT BIEN FAITE
Anne Lange ne se dirigera pas non plus vers des études scientifiques, mais entreprend une formation plus générale. Après Sciences Po, elle entrera ainsi à L’ENA dont elle sortira en 1994. « À la sortie de l’ENA, je prend le poste de tutelle de l’État sur l’Audiovisuel Public et j’y resterai 4 ans. L’un des point d’orgue est que je ferai, auprès du Conseil d’Administration, une présentation « sur les autoroutes de l’information » ; nous étions alors en 1997… Anne Lange nous confiera : « À cette époque-là, je ne suis pas certaine que les interlocuteurs autour de la table aient vraiment saisi le sens et le contenu de la présentation. Ce premier emploi m’a apporté deux choses principales :
- rejoindre mes premiers conseils d’administration ;
- m’initier au Management de terrain.
La formation reçue m’a permis d’intégrer et de traiter de sujets macro-économiques et multi-dimensionnels et la création de valeur dans le service public vs le privé plus axé sur le micro-économique. Puis, il y a cette dimension de l’intérêt général dont on ne se départit jamais ».
THOMSON, L’ANTI-MODÈLE DE L’ENTREPRISE
« En 1998, j’entre chez Thomson, ce sera pour moi l’antichambre du secteur privé. Mon arrivée à cette époque est un véritable choc par rapport à ce que je venais de vivre professionnellement. Quand j’exprime que c’était à mes yeux l’anti-modèle de l’entreprise, je l’argumente en 3 points :
- c’est une politique de cost killing à outrance ;
- on pilote le cours de bourse – c’est donc du très court terme ;
- un empilement de brevet sans autres ambitions que d’avoir été créé.
Je suis en charge du Planning stratégique et du département e-business ; j’assisterai ainsi, impuissante, au fait que nous avions la licence du MP3 mais que c’est Apple qui, quelques années plus tard, saura le commercialiser avec le célèbre I-POD. Malgré tout, les 6 ans passés chez Thomson furent sans conteste formateurs.
CISCO, QUAND LA VISION DEVIENT RÉALITÉ
Changement d’entreprise, certes, mais c’est surtout un changement de « monde » pour Anne Lange. « Aux antipodes de Thomson, nous sommes chez CISCO dans une culture d’entreprise à long terme. Cette vision à long terme se matérialise par une réaffectation des marges dans la R&D, dans le personnel qui est considéré comme l’élément principal de l’actif de l’entreprise – CISCO est à mes yeux une marche forcée (intelligente) à l’innovation, innovation testée par le client qui fait de ce dernier un véritable partenaire.
En 2008, je suis envoyée aux USA – plus précisément en Californie à Palo Alto où j’occupe le poste de Directrice des opérations – secteur public –, « c’est pour moi un deuxième choc. Outre la richesse intellectuelle vraiment importante, deux dimensions me fascinent littéralement :
- le caractère innovateur poussé à son maximum ;
- les ressorts de l’entreprenariat dans une joie de vivre époustouflante.
Pendant cette période, j’évolue, je change et cela avec les dégâts collatéraux qui l’accompagnent. Ainsi, je perds des amis, j’en retrouve et en garde d’autres ; ce passage en Californie m’aura donné une tout autre envergure professionnelle et probablement personnelle – en 2010, ma mission touche à sa fin, et c’est le cœur lourd que l’avion me ramène en France. »
« J’AIME LA BELGIQUE ET J’AIME TOUT AUTANT BOUGER »
Si Anne Lange aime la Belgique, celle-ci ne fait pas grand cas de son intérêt de sortir régulièrement des frontières – que ce soit à Paris ou Londres voire d’autres capitales. Il faut dire que ses mandats d’Administratrice (actuellement au Board d’Orange et de Pernod Ricard, de l’Imprimerie Nationale etc…) lui demande beaucoup de disponibilité.
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